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Noyades en cascade en Haute-Garonne : il y a eu plus de morts en dix jours, que sur quatre mois à l'été 2021

Publié le 20 juillet 2022 - Actu Toulouse - Par Guillaume Laurens

En ce début d'été 2022, en particulier depuis le 10 juillet, il y a déjà eu plus de morts par noyade en Haute-Garonne, que pendant les quatre mois de la saison estivale 2021.

Les pompiers de la Haute-Garonne ont déjà dû faire face à sept noyades mortelles depuis juin, contre cinq sur les quatre mois de la période estivale 2021 (©SDIS31 / Frédéric Arrighi – Gabriel Sfilio)

 

4 interventions dans la Réserve naturelle, où la baignade est interdite

De son côté, l’association Nature en Occitanie, gestionnaire de la Réserve naturelle régionale (RNR) Confluence Garonne-Ariège, s’inquiète aussi de la résurgence de problèmes sur son périmètre (bords d’Ariège et de Garonne, de Toulouse à Venerque), notamment autour de Clermont-le-Fort : « La baignade est interdite depuis plusieurs années, déjà bien avant le classement en Réserve naturelle (en 2015, ndlr), pour éviter les risques de noyade ». Mais cela n’empêche en rien les problèmes : « En 2022, rien que sur les mois de juin et juillet, les services de secours du SDIS sont déjà intervenus à plusieurs reprises, dont quatre fois en rivière pour des noyades évitées de justesse ».
L’association déplore aussi que « les accès au site, qui doivent permettre l’arrivée des secours en cas d’accident », soient encombrés : « Les stationnements sauvages, fréquemment relevés et parfois verbalisés, ralentissent les secours et augmentent les risques de noyade ».
« Depuis quelques années, plusieurs sites naturels situés sur la RNR enregistrent une fréquentation croissante par des visiteurs qui recherchent des coins de nature ensauvagée aux portes de Toulouse entraînant des dérives : risque incendie élevé, dégradations et incivilités entre usagers et des accidents », constate l’association, qui tente, avec ses moyens, de mener des actions de sensibilisation et de prévention.

L’appel à la prudence des pompiers

Défis dangereux, bactéries, effet machine à laver…

En début de semaine sur Actu Toulouse, l’adjudant Lionel Simon, cadre au secours nautique des sapeurs-pompiers de Haute-Garonne, avait d’ailleurs appelé à la prudence, notamment face aux dangers de la baignade en milieu naturel. Déplorant que « les gens prennent beaucoup plus de risques en ce moment », il insistait notamment sur « l’importance de se baigner dans des zones surveillées ». Car c’est là que les pompiers « effectuent le plus d’interventions, pour porter secours à des victimes qui sont, la plupart du temps, alcoolisées ou en méforme ». Alors que le mercure affichait 40°C, il mettait en garde face au « risque de choc thermique » et rappelait aussi que derrière son apparence tranquille, la Garonne présente des risques réels. Le SDIS de la Haute-Garonne a par ailleurs diffusé sur son site web des conseils de prudence. 

Hécatombe depuis dix jours en Haute-Garonne

Le décompte fait déjà froid dans le dos. En dix jours, alors qu’une intense canicule s’est abattue sur la région, il y a déjà eu plus de morts dans les piscines, plans d’eau et autres cours d’eau de Haute-Garonne, que pendant les quatre mois de la saison estivale 2021.

Depuis le 1er juin 2022 dans le département, sept personnes sont décédées dans des noyades, dont six lors des dix derniers jours, confirme à Actu Toulouse le SDIS de la Haute-Garonne. Parmi ces sept morts, cinq ont succombé dans des piscines privées, les deux autres dans le milieu naturel.

La première victime était une femme de 66 ans, retrouvée noyée le 10 juin dernier dans une piscine privée, quartier Lardenne, à Toulouse. 

Un mois plus tard, le dimanche 10 juillet, un jeune de 34 ans a trouvé la mort quartier Saint-Simon, également dans une piscine privée, avant un week-end prolongé du 14-Juillet mortifère. 

Le jour de la fête nationale, un touriste allemand de 61 ans a perdu la vie à Salles-sur-Garonne, au sud de Toulouse. En vacances chez des amis, il a tenté de traverser le fleuve depuis la base de loisirs de Rieux-Volvestre, avant d’être emporté sur plusieurs kilomètres.

Le lendemain, vendredi, un nouveau drame est survenu du côté de Préserville, à l’est de Toulouse. Malgré de longues tentatives de réanimation, les secours ne sont pas parvenus à réanimer une grand-mère de 59 ans et son petit-fils de neuf mois. C’est la mère du nourrisson qui a découvert les deux corps dans la piscine bâchée. Leur autopsie, mardi, a confirmé la thèse de l’accident.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un homme de 89 ans a lui aussi fait une terrible découverte : il a retrouvé le corps sans vie de son fils d’environ 50 ansdans une piscine, quartier du Busca à Toulouse. « Pas en bonne santé », selon une source policière, la victime aurait voulu profiter de la soirée pour se rafraîchir. 

Dans chacun de ces six premiers cas, il s’agirait de noyades accidentelles.

Enfin, ce mercredi 20 juillet, c’est le corps d’une femme de 64 ans qui a été découvert dans le lac de Saint-Caprais, à L’Union, près de Toulouse. Cette fois, un geste désespéré n’est pas à exclure.

Depuis le 1er juin 2022 : déjà 16 noyades, dont sept mortelles

Si sept morts sont à déplorer depuis le 1er juin, toutes les victimes de noyades ne sont heureusement pas décédées : au mercredi 20 juillet, les sapeurs-pompiers de Haute-Garonne sont au total, intervenus pour 16 personnes tombées à l’eau. Certaines dans des piscines privées, d’autres dans le milieu naturel, pour beaucoup dans la Garonne ou le canal du Midi à Toulouse. Il n’est pas exclu que d’autres noyades, qui n’aient pas nécessité d’intervention du SDIS, n’aient pas été recensées.

En 2021 : 14 noyades et cinq décès, en quatre mois

Ces chiffres préoccupants dépassent déjà ceux de l’année dernière, sur les quatre mois de la saison estivale… D’après Santé Publique France, entre le 1er juin et le 30 septembre 2021, 14 noyades accidentelles étaient comptabilisées en Haute-Garonne. Parmi elles, cinq décès, dont un seul dans une piscine, tous les autres en milieu naturel.

Le SDIS corrobore ces chiffres, et a de son côté enregistré en 2021 cinq décès, et 18 interventions pour noyade au total, certaines n’étant probablement pas accidentelles.

Dans le détail, ces drames sont survenus en majorité dans des plans d’eau (cinq noyades, dont deux décès), ou des fleuves et rivières et canaux (cinq noyades, dont deux décès également). Trois autres ont été recensées en piscine privée familiale (dont un décès) et la dernière (sans décès donc) dans une piscine privée à usage collectif, de type résidence.

Que disent les chiffres nationaux ?

En 2021, à l'échelle nationale, Santé Publique France avait recensé sur cette même période de quatre mois quelque 1 480 noyades accidentelles (dont 27 % suivies d'un décès), 181 intentionnelles (suicide, tentative de suicide ou agression) et 92 d’origine inconnue.
Les principaux sites de noyade accidentelle étaient la mer (47 %), devant les piscines (26 %), puis les cours d'eau et plans d'eau (23 %). Quant au profil des victimes : il s'agissait pour beaucoup soit de jeunes, soit de personnes âgées.